Pour le mathématicien Marcel Légaut (1900-1990) ayant pris congé de l’Université de Lyon en 1942, après son mariage et une installation dans un hameau au cœur d’un domaine sylvo-pastoral de 130 hectares dans le Diois, Gabriel Marcel (1889-1973) est un auteur de théâtre fécond.Légaut lit et commente cet auteur dans son groupe. Une trentaine de lettres de Légaut à Gabriel Marcel, avec l’une ou l’autre copie dactylographiée de la réponse de l’écrivain, ouvre une période de contacts étroits, de 1937 à 1971, soit durant 34 années. En amont, la carte de 1937 montre un lien déjà établi, entre d’une part, un chercheur de Jésus et son groupe[1] et, d’autre part, un converti au catholicisme en 1929. Lien ponctué par des envois réguliers de l’œuvre de Gabriel Marcel, des rencontres, des déjeuners. Toutefois il est aisé de distinguer deux périodes liées au rythme profond de la vie de Marcel Légaut[2].
Au départ, en 1937, Marcel Légaut remercie Gabriel Marcel pour son envoi de Le Dard. Et le lit à la lueur de ce qui vient d’arriver dans son groupe[3], porté au départ par l’amitié entre Légaut et Jacques Perret[4], un Normalien en train d’achever sa thèse sur la légende de Rome. En 1933, le mariage de Perret met fin à ce duo et ouvre chez Légaut une crise intérieure longue à guérir : « S’agit-il d’une dangereuse passion de destruction » ? (lettre 1). C’est une hypothèse à prendre en compte. Par ailleurs, Légaut décrit partie de son engagement ; le Mont Sainte Odile (Alsace) fournissant un lieu de rencontre préparé par Édouard Cœurdevey[5], à la tête de l’École normale – catholique- d’Obernai (pour le Bas-Rhin), et l’un des introducteurs de Marcel Légaut à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud à la rentrée de 1925. En fait, Gabriel Marcel est intervenu au groupe Légaut lors des dimanches de la rue Galilée en 1934.
De 1941 à 1949, Légaut décrit son installation dans le Diois, aux Granges-de-Lesches, où des possibilités d’accueil existent : le passage[6] du fils Marcel est annoncé un temps en mars 1941, comme la venue du couple Marcel à l’hiver 1943. Une visite du veuf Gabriel Marcel est renouvelée en mars 1948. Si des éléments bien concrets nourrissent l’échange (la remise en état de 25 pièces pouvant servir à l’accueil du groupe[7]), des récoltes peinent à rassasier les estomacs de la quinzaine de personnes[8] qui a progressivement trouvé refuge aux Granges. La terre, abandonnée durant une vingtaine d’années est à défricher. Avec le couple Voirin[9], instituteurs tous deux en congé, le projet d’une université en milieu rural, à la fois pour les étudiants en première année de mathématiques (« un ou deux » indique Légaut) et une suite d’étude après le certificat d’études pour fils d’agriculteurs. Ce projet, dûment envoyé aux différents secrétaires d’Etat qui se succèdent à Vichy[10], n’aboutit pas, alors que l’accueil du groupe est inlassablement poursuivi comme projet. Les chemins de fer reprenant après 1945, amènent les familles à la gare de Luc-en-Diois. Enfin, que ce soient les voisins immédiats ou les habitants de la petite commune voisine de Lesches-en-Diois, Légaut se sent accueilli et aidé, peut proposer sa propre batteuse et battre la moisson à plusieurs ( lettre 3).
Apparaît là une des continuités sur ce temps long : Gabriel Marcel envoie à parution ses ouvrages – parfois dédicacés – à Marcel Légaut.
Lecture par Marcel Légaut des ouvrages de Gabriel Marcel |
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Année |
Note par Légaut et Titre de Gabriel Marcel |
Éditeur |
Date de publication |
1937 |
Le Dard |
Plon |
1936 |
1941 |
Du refus à l’invocation |
Gallimard |
1940 |
1945 |
« nouveau livre » (Homo Viator)[11] |
Aubier |
1945 |
1949 |
« le livre que vous m’avez envoyé » (Position et Approches concrètes du mystère ontologique) ? |
Vrin |
1948 |
1966 |
« livre dédicacé et lu » (La dignité humaine et ses assises existentielles) |
Aubier |
1964 |
1971 |
« réception livre de Gabriel Marcel » (En chemin, vers quel éveil) |
Gallimard |
1971 |
Et un commentaire de Légaut fait apparaître une de ses dettes majeures envers Marcel, à la fin de cette première période, puis dans la période postérieure :
Mai 1945 : « Vous êtes le seul philosophe qui côtoie sans cesse cette part de l’âme qui touche celle où Dieu agit seul » (lettre 7).
Mars 1966 : « Vous m’avez aidé à découvrir ma lignée spirituelle qui est toute proche de la vôtre [Légaut écrira plutôt « famille spirituelle » à la suite de sa lecture du Sentiment religieux de Bremond]. Malgré la grosse influence que Teilhard a eue sur moi, vous êtes encore premier dans ma vie intellectuelle – et par suite – car cette liaison est capitale chez moi – dans ma vie religieuse. » (lettre 9).
Si le lien de Teilhard à Légaut a été exploré[12] (conférences entendues, suscitées par le père Fernand Portal[13], recopiage d’un ouvrage-clé, envoi de tapuscrits auprès de l’abbé Christophe Gaudefroy[14], « aumônier du groupe », le lien capital avec Gabriel Marcel est en cours d’exploration, à partir des lettres reçues par Marcel Légaut, par Domingo Melero[15], et fera l’objet d’une intervention largement documentée lors du colloque du centenaire du groupe Légaut en 2025.
L’une des originalités de Marcel Légaut se trouve précisément là : lire Gide, Montherlant, Bernanos, Ibsen ou, plus tard, Camus ou Valéry, et y discerner un apport spirituel possible : ne va-t-il pas, aux Granges-de-Lesches, lors d’un topo au groupe, jusqu’à proposer de placer Albert Camus au rang des Pères de l’Église pour L’Exil et le Royaume et le recueil de nouvelles La femme adultère[16] ?
À part une confidence douloureuse sur la fin de sa mère à laquelle Marcel Légaut doit son ouverture religieuse (« ridiculisée par ses proches », lettre 8) qui témoigne de la confiance silencieuse de Gabriel Marcel, une seconde période s’ouvre à partir de 1966. Après une jachère d’écriture de presqu’une trentaine d’années, Marcel Légaut rédige un ouvrage de réflexion, L’accomplissement humain, dont il envoie les huit premiers chapitres à Gabriel Marcel le 7 septembre 1966. Légaut a là un lecteur à sa hauteur, qui plus est reconnu depuis les années 1930 au sein du paysage intellectuel parisien, et présent à la culture de son temps[17]. Gabriel Marcel qui a lu ce manuscrit, aide Légaut à accepter de le faire paraître en deux volumes, apprécie hautement cette œuvre : « premier volume que j’admire profondément… livre capital » (20 avril 1970). Et Gabriel Marcel s’engage résolument, de tout son poids, pour trouver un éditeur[18] et, ce qui peut aider à l’édition, un prix, celui de Lecomte du Noüy[19].
La difficulté est réelle : quel est le marché pour une réflexion de type religieux à partir d’une vie ? Et face à une théologie descendante, l’appui sur précisément la découverte – progressive – d’une humanité[20]. Nous découvrons les manœuvres d’approche auprès d’éditeurs ou d’appuis ! M. Costa de Beauregard[21], les moines de Maredsous, Aubier[22] dès 1969, le Père de Lubac[23], Desclée de Brouwer. On perçoit que le lecteur de Desclée, malgré l’appui de Marcel, ne faisant pas parvenir son rapport au bout de deux mois, pourrait avoir été désorienté par un tapuscrit de 700 pages. Suivent, toujours en 1969, d’autres possibilités : du Seuil[24], on passe chez Aubier d’une possibilité de vente à sa publication. Marcel Légaut sollicite alors ouvertement Gabriel Marcel de l’introduire auprès de la fille de M. Aubier, Mme Gabail. En janvier 1970[25], le Cerf est contacté et, en avril suivant, le sort de cette œuvre est scellé : Aubier accepte l’édition, en deux volumes, et ceci dans des délais courts – me semble-t-il : 15 octobre 1970 pour Introduction à l’intelligence du passé et de l’avenir du christianisme (464 pages) ; 14 janvier 1971 pour L’homme à la recherche de son humanité (286 pages).
Cette parution est accompagnée, voire précédée d’une présence de Marcel Légaut dans les médias : en octobre 1969, « un montage de 40 mn qui paraîtra une dimanche matin[26] » ; en octobre 1970, « deux séances de télé » et une demande des Pères Jésuites pour les Études[27], lesquels « l’ont fait paraître avec rapidité ». S’enclenche alors une « grosse correspondance » au sujet de ses publications, des réunions, et apparaît alors la fatigue, l’inquiétude d’« être à la hauteur de tout ce qui est demandé [28]». Grâce à l’opiniâtreté inconditionnelle de Gabriel Marcel, un moment Légaut est à repérer entre 1970 et 1990, entre Paris Match, Radioscopie de Jacques Chancel (1976) et d’innombrables sollicitations ou comptes rendus, dont une page en une du Monde (1989). En 1971 déjà, un débat à Paris, salle de la Mutualité, entre Marcel Légaut et le Père François Varillon sj, avait été organisé par le Centre catholique des intellectuels français. Avec une réserve tout à fait acceptable de la part de Gabriel Marcel en avril 1970 : « en réalité, sans le dire, vous vous référez toujours à ce qu’a été votre propre expérience et en particulier votre mission, mais vous procédez ainsi à des extrapolations qui sont malgré tout quelque peu hasardeuses. » Ce qui n’empêche aucunement la diffusion d’un « socratisme chrétien », authentique du fait même de ses limites ; ce dont rend compte la postface de Fragments philosophiques. 1909-1914 :
« Il m’a été donné de voir ces jours-ci, après bien des années, un homme qui m’apparaît comme un des témoins de Dieu les plus authentiques qu’il m’ait été donné de connaître au cours de mon existence. Je veux parler de Marcel Légaut, l’auteur de La condition chrétienne […] Je ne fis sa connaissance qu’en 1935, c’est-à-dire bien longtemps après avoir écrit les essais qui figurent dans ce petit volume. Mais il est certain qu’il m’a apporté une étonnante confirmation de l’assurance existentielle autour de laquelle gravitent ces écrits. Je veux parler du caractère irrécusable de la foi là où elle est parfaitement authentique[29]. »
Courriers de Marcel Légaut (1900-1990) à Gabriel Marcel (1889-1973)[30]
(BnF Manuscrit Fonds Gabriel Marcel NAF 28 349
(1) Carte de Rennes, le 6 janvier 1937
Je vous remercie de m’avoir envoyé Le Dard J’ai lu (et déjà relu en public) cette pièce que vous nous avez aviez donnée l’an dernier à Paris. Je l’aime beaucoup. Je ne connais rien de plus tragique dans une existence que la passion vertigineuse de briser ce qui est par un mouvement de désespoir qui souvent s’ignore. Je pense à la multitude des amitiés précieuses, contractées dans la jeunesse, difficilement remplaçables quand on arrive à l’âge adulte, et qui sont brisées pour des prétextes qui perdent vite leur valeur et laissent apparaître derrière cette dangereuse passion de destruction.
J’ai repris une nouvelle fois le chemin de crête, en Alsace (à Ste Odile) et toujours, j’ai trouvé le même intérêt auprès des amis qui l’écoutaient. J’espère bien que nous aurons l’occasion de nous revoir ce trimestre. Vous savez combien nous sommes heureux de vous voir vous associer à nos efforts pour créer chez nous un milieu pensant et vivant…
(2) 7 mars 1941 [Gabriel Marcel se trouve à Montpellier)
Cher Monsieur Marcel,
Nous avons eu notre petit mètre de neige, mais jamais je n’ai pas été bloqué… Mon cheptel s’agrandit, j’ai déjà deux mules qui me sont des compagnes familières et avec qui je commence ma nouvelle carrière de charretier… [Un wagon déménagé de Chadefaud] monte en ce moment aux Granges grâce à un camp de marins qui se charge de faire deux voyages par jour. Je ne désespère pas d’avoir aussi prochainement mon mobilier de Paris. Dans deux mois, j’aurai le téléphone, le moteur électrique, la scie à rubans, etc…
… les constructions proprement dites seront sans doute mises en marche pour le 1er avril. J’ai réussi à trouver à peu près tous les matériaux nécessaires et je m’emploie à les faire monter par le haut. En juillet [41] si tout va bien nous disposerons de plus de 25 pièces. Déjà s’annonce la venue de quelques collaborateurs avec un neveu de Robert d’Harcourt et j’ai en vue deux jeunes Jocistes qui cherchent à travailler dans un milieu fraternel et chrétien. Enfin, à force de chercher, j’ai l’impression d’avoir trouvé et de maîtrise l’entreprise. C’est dommage que votre fils ait trouvé un emploi à Montpellier… Nous l’aurions accueilli ici avec beaucoup de joie. Mais c’est partie remise…
[Au moment d’un séjour à Montpellier, bonté des Humbert-Palanque]
nous ne souffrons pas du côté nourriture, et un proche avenir nous permettra au contraire d’aider nos amis à ce sujet.
(3) 30 septembre 1941
[Annonce d’un passage de Gabriel Marcel aux Granges fin novembre, la famille Voirin a pris un congé d’un an et s’est installée aux Granges.]
… Nous avançons bien le défrichage de la propriété, notre récolte, cette année, petite, et tout juste suffisante pour nous ravitailler (nous comptons être une quinzaine cet hiver), sera déjà plus importante l’an prochain.
Socialement parlant, nous sommes déjà solidement implantés dans le pays. Avec notre batteuse, nous avons battu la moisson de deux de nos voisins. C’est la première fois qu’une telle collaboration s’établit dans ce pays.
J’espère avoir un ou deux étudiants dès cette année pour réaliser cette vie mixte intellectuelle et manuelle que je crois possible et durable. En outre, la présence des Voirin, instituteurs de métier, va nous permettre de prendre avec nous deux ou trois jeunes garçons, fils de paysans ou non, ayant déjà leur certificat d’études, désirant continuer leur formation sans quitter la terre. Nous serions bien heureux que vous puissiez rester plusieurs jours chez nous. C’est bien une condition nécessaire pour que nous nous retrouvions sur tous ces plans nouveaux… [Tél :] 1 à Lesches
(4) 28 décembre 1941
Nous sommes encore très loin d’être normalement installés et nos maisons ne seront achevées que l’année 42….
Désormais ma bibliothèque est en place et je commence à reprendre du temps pour lire, tellement je suis bien secondé par les Voirin et quelques autres camarades comme Bertrand Lévy[31]... Depuis plus d’un mois, je lis et relis votre dernier livre Du refus à l’invocation… convient bien à cette période de crise que nous vivons où tous les sentiments nobles sont blasphémés par l’usage qu’on prétend en faire. Où le scepticisme est envahissant à cause des échecs et de toutes les idoles humaines.
(5) 14 janvier 1943 [carte]
[Cours le vendredi après-midi à Lyon et le samedi Légaut repart de Lyon-Perrache par le train de Marseille à 15h38. L’Hôtel du Levant à Luc-en-Diois est recommandé pour un passage aux Granges des époux Marcel.]
(6) 17 janvier 1943
… la neige ressemble à celle que vous avez connue lors de votre première visite… J’ai lu une première fois assez rapidement Pilote de guerre de Saint-Exupéry. Ma première impression est bonne : ce livre mérite d’être relu.
Que cette année continue l’œuvre de la Justice de Dieu. Et que la miséricorde divine nous épargne et nous prépare le cœur pour l’œuvre qui vient.
(7) 05 mai 1945
J’ai reçu votre nouveau livre en son temps, et chaque soir, en gardant le troupeau, je l’ai lu et bien lu. Le voilà terminé. Il m’a aidé à vivre, à prendre conscience de moi-même – en cette zone où l’appel intérieur se distingue des désirs de la chair – où l’appel se fait exigence, où Dieu est présent comme appelant, demandant, exigeant et aimant.
Vous êtes le seul philosophe qui côtoie sans cesse cette part de l’âme qui touche celle où Dieu agit seul. Cette zone frontière par où Dieu touche l’homme. Je n’en connais point d’autres…
J’espère persévérer – mais il faut le dire – c’est un voyage dont on ne revient pas. Je n’ai pas encore compris comment Del Vasto était revenu des Indes. Son livre aussi est une source de force.
(8) 24 avril 1949
… Je voulais vous écrire après avoir lu le livre que vous m’avez envoyé mais je suis encore trop pris par mon travail matériel et je renvoie de jour en jour ma rencontre avec vos deux œuvres… travail matériel dominé et dépassé.
Ma mère… fut de celles qui tinrent toute leur vie une foi et une fidélité que leur milieu, leurs plus proches, ignoraient ou ridiculisaient.
(9) 2 mars 1966 [écrit à la Trappe des Dombes]
[Livre dédicacé reçu et lu]
Vous m’avez aidé à découvrir ma lignée spirituelle qui est toute proche de la vôtre. Malgré la grosse influence que Teilhard[32] a eue sur moi, vous êtes encore premier dans ma vie intellectuelle – et par suite – car cette liaison est capitale chez moi – dans ma vie religieuse[33].
Je vais, à la sortie de cette Trappe, faire une tournée dans le centre de la France et serai à Paris lundi 14 et mardi 15 mars. Si vous pouvez me recevoir quelques instants un de ces deux jours, j’en serai heureux…
(10) 7 septembre 1966
[Envoi 8 premiers chapitres[34] du futur tome I, L’Homme à la recherche de son Humanité.]
J’ai été très touché par votre lettre qui m’a encouragé à continuer mon travail qui s’annonce encore long. D’ailleurs, c’est une sorte de commencement et ce n’est pas moi qui en verrait le terme.
J’ai été heureux de vous retrouver, d’avoir avec vous une véritable ouverture malgré nos vies et nos milieux si différents.
(11) 11 avril 1967
[envoi des chapitres XI et XII de mon futur livre]
Si vous passez cette année chez Madame T. – qui va à contre-courant de beaucoup d’idéologies contemporaines –, je serai heureux de vous y rencontrer – et si vous avez le loisir de lire ces pages, j’aimerais que nous en parlions –.
(12) 12 janvier 1969 (écrit à l’abbaye de Val Croissant)
[Intervention de M. Costa de Beauregard qui a lu le manuscrit et se propose d’intervenir auprès de jeunes moines de Maredsous (très ouverts) et des éditions de l’Épi où ils sont très influents. Mais le livre a déjà été proposé à Aubier.]
(13) 2 février 1969
[Au sujet du Prix Lecomte du Noüy son livre ne sera pas prêt]
D’ailleurs, ce ne sera qu’à regret si j’y suis obligé – que je diviserai mon livre en deux livres distincts. Ce travail est d’une cohérence interne qui dans mon idée doit donner quelque poids à la 2e partie de mon livre – sur le christianisme – où je développe des perspectives qui de prime abord paraîtraient, considérées sans cette préparation, relever de l’utopie ou de quelques hérésies. Actuellement, si ce livre ne peut pas paraître en un seul volume in-8 d’environ 500 pages, je le verrai bien en 2 tomes sous un titre commun L’homme et son accomplissement. Les deux tomes ayant respectivement pour sous-titre L’Homme à la recherche de son humanité, Pour l’intelligence du passé et de l’avenir du christianisme.
Le manuscrit est depuis une quinzaine chez le père de Lubac. J’attends ces jours-ci son jugement. S’il est favorable, ce que j’espère, nous le proposerons à Desclée, je vous l’enverrai puisque vous avez eu la bonté de me proposer et m’épauler vous aussi auprès de cet éditeur.
(14) 3 juin 1969
[Rien de Desclée. Écrire au Père d’Ouince Avec réponse de Gabriel Marcel le 5 juin. Gabriel Marcel a dit à l’éditeur (DDB ?) que le manuscrit de Légaut « présentait un intérêt exceptionnel ». Le rapport du lecteur n’est pas parvenu après deux mois.]
(15) 16 juin 1969.
Remerciements de Légaut pour la vigoureuse intervention à Desclée.
(16) 5 octobre 1969
[Marcel Légaut se propose d’envoyer un manuscrit à Grasset].
Pour ma part, dans cette dernière éventualité, je serai heureux que chaque tome paraisse en un livre séparé – et que par exemple le Seuil accepte de faire éditer l’un d’entre eux. Peut-être pourriez-vous parler en ce sens au Seuil, comme vous me le proposez. Je vous tiendrai au courant de la réponse de Desclée dès qu’elle m’arrivera. De toute façon, si je dois publier en deux livres, j’aimerais que le premier qui est la préparation du second et qui donne l’esprit dans lequel celui-ci est écrit, paraisse le premier…
Actuellement, je travaille à la ferme autant que je peux car un de mes enfants – (et bientôt deux – mais celui-ci est professeur) est parti au service militaire. Cela me repose l’esprit – mais j’espère bien me remettre au travail dès que les semailles d’automne seront achevées.
Merci encore pour l’intérêt que vous me portez. Vous savez ce que je vous dois dans ma pensée et toute la reconnaissance affectueuse que je vous ai…
… Je suis devenu vedette de télé. Un montage de 40 minutes qui paraîtra un dimanche matin.
(17) 24 novembre 1969
[Pas de réponse du Seuil. Embarras de cet éditeur] Comme vous le suggérez, le refus de mon livre n’a pas que des raisons commerciales mais est du même ordre que le refus de Desclée.
,,, Aubier pourrait s’intéresser non seulement à la vente de ce livre, mais aussi à sa publication → [Marcel Légaut demande à Gabriel Marcel de l’introduire auprès de la fille de M. Aubier[35] le 8 ou 9 décembre 1969. Et de lui demander ]de lire elle-même ce livre qu’un théologien ordinaire trouveral’ suspect ou du moins hors des directions officielles actuelles.
(18) 25 novembre 1969.
[Réponse de Gabriel Marcel]
Je crains beaucoup qu’on ne soit d’accord pour dire que l’ouvrage devrait être réécrit, ce que, vous connaissant, je crois impraticable[36]. [Gabriel Marcel l’a recommandé à Mme Gabail] mais je crains que la réaction ne soit la même.
Déjeuner proposé le 9 décembre à 13h.
(19) 4 décembre 1969.[ Accord sur r.d.v.]
… efforts que je me propose de faire pour rendre ce premier tome plus léger.
(20) 9 janvier 1970.
[Intervention auprès de Mme Gabail, envoi du premier tome, proposition aussi au Cerf fin janvier]
On montrera en avant-première l’interview télévisée dont je suis l’objet. Cela durera une heure – et la deuxième demi-heure où une question me sera posée sur le premier tome du livre –.
(21) 29 janvier 1970
[Gabriel Marcel interroge Marcel Légaut sur des épreuves éventuellement disponibles en avril 1970 pour le Prix Lecomte du Noüy.]
(22) 7 avril 1970
J’ai reçu hier une réponse favorable de Mme Gabail… elle accepte de publier mon travail – en le partageant en deux livres. Le premier paraîtra le dernier trimestre 70. Le second pendant l’année 71. J’insiste pour que le temps qui séparera ces deux publications ne soit pas trop long afin que le deuxième livre – plus directement consacré au christianisme – plus actuel au moins apparemment que le premier – ne soit pas dépassé – en partie du moins – par les événements.
(23) 26 avril 1970
[Marcel Légaut a été à l’enterrement de Jean Haumesser[37] et a remis le manuscrit à Mme Gabail]
… Mais elle m’a demandé instantanément de faire paraître d’abord le second – plus actuel – et ceci pour des raisons commerciales plus que logiques[38]. J’ai dû accepter…[Parution octobre , puis 1971 pour L’homme à la recherche de son humanité.]
[ Légaut évoque la famille Fougeirol dont le père, Jean -Pierre a été maire de Mirmande de 1971 à 1977[39] ]
(24) 8 octobre 1970
[Deux séances de télé ont eu lieu]
J’aimerais vous reparler de la « Foi en soi »…
[Article des Études, demandé par les pères jésuites et qui l’ont fait paraître avec rapidité]
Comme je regrette cet ordre [de parution] illogique – surtout que les dates de parution ne sont guère éloignées – ce qui en un certain sens diminue un inconvénient qui restera réel pour les lecteurs pressés…
(25) 7 décembre 1970 [Lettre de GM à ML]
[Désaccord sur ce qu’a pu être la résurrection].
(26) 14 décembre 1970
[Visite annoncée pour le 18. Légaut rencontrera le cardinal Suenens le samedi matin. Revient sur ce qu’a pu être la résurrection et pourra lire des manuscrits ou des livres à Gabriel Marcel[40].
(27) 17 janvier 1971.
[Visite à Paris pour offrir le tome II[41]. Légaut est descendu chez son frère René (05/02/1902 – 02/04/2000) qui habite 9 square de Port-Royal, Paris 13e
(28) 20 avril 1971 [copie réponse de GM à ML]
… Pendant les vacances, j’ai lu la plus grande partie de votre premier volume que j’admire profondément. La seule objection qu’on puisse faire – mais elle est à mon sens assez sérieuse – c’est qu’en réalité, sans le dire, vous vous référez toujours à ce qu’a été votre propre expérience et en particulier votre mission, mais vous procédez ainsi à des extrapolations qui sont malgré tout quelque peu hasardeuses.
… De toute façon, c’est un livre capital, et je serai heureux de le dire.
(29) 21 avril 1971
[Marcel Légaut et Gabriel Marcel vont se voir. Parler avec vous de la mission et de la vocation d’artiste (Pour l’Unité, dirigé par l’abbé Pignol, 1 place Saint-Sulpice organise une soirée en mai).]
(30) 24 juin 1971.
[Visite d’Alain et Amandine Benoît de retour d’Amérique (du Sud) à Val Croissant.
J’ai actuellement une grosse correspondance au sujet de mon travail – de réunions pour en parler –. Aussi je suis assez fatigué. Il me faudrait être à la hauteur de tout ce qui est demandé.
(31) 14 octobre 1971
[Légaut sera à Paris le 20.]
Puis-je aller vous rendre visite [ce jour-là] vers 10h30 ?
[Réception du livre de Gabriel Marcel[42]]
Il m’a vivement intéressé, d’abord parce qu’il m’a aidé à vous connaître mieux mais aussi parce que ce livre donne une vue d’ensemble sur les milieux intellectuels de la première moitié de ce siècle. Les grandes amitiésde Raïssa Maritain m’y avait aussi introduit jadis. Je vois que vous avez été assez sévère à son sujet.
J’aimerais aussi que nous reparlions d’une façon approfondie et précise au sujet de la résurrection…
[1] À cette date, Légaut a publié chez Grasset Prières d’un croyant qui rencontre une audience certaine. Gabriel Marcel a pu suivre les publications de Légaut en 1937 (La condition chrétienne chez Grasset également), puis en 1938 avec La communauté humaine chez Aubier, où il rencontre l’éditeur, ce dont la fille de ce dernier, Mme Aubier-Gabail, se souviendra.
[2] FOUILLOUX (Étienne), « Marcel Légaut, un chrétien en son siècle », Quand renaît le spirituel, actes du colloque international Marcel Légaut, Lyon 2000, Mirmande, éditions Association Culturelle Marcel Légaut (ACML), 2001, p. 43-86.
[3] LÉGAUT (Marcel), Historique du groupe Légaut (1925-1962), éditions ACML, Mirmande, 2021, 136 p. annotée par Dominique LERCH.
[4] Au colloque international de Valence sur le centenaire du groupe Légaut (septembre 2025), est prévue une intervention sur cette amitié par D. LERCH.
[5] « L’itinéraire, la pensée et l’action d’Édouard Cœurdevey, directeur de l’École Normale d’Obernai de 1928 à 1946 », Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Barr, Dambach et Obernai, 2011, p. 75-90.
[6] Gabriel Marcel écrit à Gaston Fessard en juin 1934 : « Je ne saurais dire combien M. Légaut m’a été sympathique : rarement la présence d’une grande âme m’a paru aussi sensible », Gabriel Marcel – Gaston Fessard. Correspondance. 1934-1971, Paris, Beauchesne, 1985, p. 45.
[7] Marcel Légaut a inlassablement poursuivi le but, le rêve écrit Xavier Huot, d’une communauté, d’où l’importance d’un lieu d’accueil.
[8] La diversité des présences aux Granges (opposant au nazisme, fugitif du STO, juifs) a valu une reconnaissance officielle du couple Légaut, celle de gardiens de la vie, figurant ainsi au livre d’or de la mairie de Thonon où Paul Roux a pu le photographier.
[9] Une notice sur cet ancien directeur du centre de formation de la PJJ (débarqué de sa fonction par le ministre de la Justice pour ne pas avoir dompté mai 68) et proche de Légaut, est disponible sur le site Marcel Légaut de l’ACML.
[10] Ce projet a été publié sous le titre « Quand Marcel Légaut se faisait berger dans le Drôme (1940-1945) », Études drômoises, 44, décembre 2010, p. 18-25.
[11] Dans ce livre, l’auteur écrit que Légaut et Thibon « affrontent avec une égale lucidité le spectacle d’un monde en perdition », Paris, 1944, p. 136.
[12] Voir le cahier publié par l’ACML et la Fondation Teilhard, Chercheurs spirituels. Rencontres et influences, Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), Marcel Légaut (1900-1990), Mirmande, 2019, 247 p.
[13] Sur le père spirituel de Marcel Légaut, la thèse de LADOUS (Régis), Monsieur Portal et les siens (1855-1926), Paris, Cerf, 1985, 522 p.
[14] Sur ce minéralogiste, ami de l’abbé Breuil et de Teilhard auquel il offre partie de sa chaire à l’Institut Catholique de Paris, un fascicule a été édité par l’ACML, Pour une histoire religieuse concrète des XXe et XXIe siècles. Les groupes Légaut et leurs membres. L’abbé Gaudefroy (1878-1971), Mirmande, 2010, 75 p.
[15] Voir la traduction en français « Gabriel Marcel et Marcel Légaut – une amitié discrète et fidèle » d’un essai de MELERO (Domingo) paru dans Cuadernos de la Diaspora, n° 25, Madrid, Association Marcel Légaut, 2013, p. 135-136. En 2021, l’auteur reprend son étude « Un écrivain à la recherche d’un éditeur, Marcel Légaut 1968-1970 », Boletines de la Diaspora, 7-8, 2021, traduit en français. Ces deux écrits peuvent être lus en français sur le site de Domingo Melero (sumadepoquedades.com) et sur le site de l'ACML (marcel-legaut.org).
[16] Voir l’étude de Guy Lecomte, « Marcel Légaut, scientifique, explorateur des grandes œuvres littéraires aux Granges, de 1951 à 1968 », Marcel Légaut. Un témoin pour le XXIème siècle, (dir) FOUILLOUX (É.), LERCH (D.), Paris, Temps présent, 2017, p. 40-54. On note l’importance de l’arrivée de la bibliothèque de Légaut aux Granges, avec notamment l’œuvre quasi complète de Loisy, héritage du père Portal vraisemblablement
[17] Se reporter à l’article « Gabriel Marcel » du Dictionnaire de spiritualité par Xavier Tilliette.
[18] MELERO (D.), « Un écrivain à la recherche d’un éditeur », art. cit., note 15.
[19] Pierre Lecomte du Noüy (1883-1947), mathématicien, biophysicien, écrivain et philosophe, à même de saisir la démarche d’un autre mathématicien. Formé aux méthodes scientifiques par Alexis Carrel, il travaille à l’Institut Rockefeller à New-York (1920-1927), puis à l’Institut Pasteur (1927-1936), avant de passer à l’École Pratique des Hautes Études. Converti au catholicisme, il s’intéresse au rapport entre science et catholicisme. Qualifié d’être « hybride » d’influence par Lucien Febvre.
[20] Autre difficulté pour l’éditeur : dans quelle catégorie placer un volume aussi personnel et original ? Dans quelle collection ? Y a-t-il un lectorat pour 700 pages denses de spiritualité ? De ces pages, Légaut écrit à Mme Aubier-Gabail le 3 janvier 1970 qu’il s’agit du « fruit de sa vie ». Il traite de la vie spirituelle de façon non conventionnelle : « de ma conception de Jésus de Nazareth, de la manière dont j’entrevois l’avenir de l’Église ».
[21] Olivier Costa de Beauregard (1911-2007), physicien de renommée internationale, directeur de recherches au CNRS en 1971, faisant partie de l’équipe de Louis de Broglie. Il s’intéresse aux phénomènes paranormaux.
[22] Marcel Légaut avait édité chez Aubier La communauté humaine en 1938. À cette occasion, il avait pu approcher l’éditeur.
[23] Sur le Père Henri de Lubac, sa lettre à Marcel Légaut du 2 août 1972 commentant l’article « Pour entrevoir l’Église de demain » a été publiée dans Quelques Nouvelles n° 319, 2018, présentée par Domingo MELERO (traduction de Normand Beaudoin). Elle se trouve sur le site de l’ACML. Voir d’Étienne FOUILLOUX, Marie-Dominique Chenu (1895-1990), Salvator ; 2022, coll. « Lumen Vitae », 276 p.
[24] Travail de la foi est publié en 1962 au Seuil mais ne rencontre guère le succès, ce qui pourrait expliquer le silence des Dominicains. Une seule recension est connue dans Le Dauphiné libéré par Pierre Sauvage.
[25] Dans cet échange, n’apparaît pas la sollicitation de Légaut auprès de l’éditeur Grasset où il a publié Prières d’un croyant, certes en 1933.
[26] À situer à la fin de l’hiver 1969/70, janvier ou février 1970.
[27] « La passion de l’Église », Études, octobre 1970.
[28] À partir des années 70 et de la publication de ses œuvres majeures, l’activité de Marcel Légaut se déploie de plusieurs manières. A Mirmande, magnanerie du groupe dans la Drôme, dans le « groupe » qui est le sien, il peut recevoir des personnes qui souhaitent le rencontrer. Ainsi, une enseignante de philosophie, Geneviève Lanfranchi le rencontre le matin durant un temps et en tire les Dialogues de Mirmande. D’autre part, le lieu même de Mirmande permet à d’autres groupes de naître et d’avoir leur vie. Ainsi Guy Sohier est-il à l’initiative d’un groupe de lecture des œuvres de Légaut. À cette occasion, Légaut lit, explique ses écrits, mais montre aussi son cheminement. La publication, par Guy Sohier, du commentaire de L’homme à la recherche de son humanité est à cet égard une source importante. Ainsi, le 26 février 1988, un prêtre d’Angers qui a lu « dans les années 40-45 Paroles d’un croyant qui à cette époque [l’] a beaucoup marqué. Depuis [ajoute-t-il], j’ai lu presque tous vos ouvrages. C’est là que j’ai trouvé l’expression qui correspond le mieux à ma manière d’être croyant. Mais ayez la bonté de lire le manuscrit ci-joint que ‘‘ j’ai commis ’’. Et de demander à Légaut si « selon [lui] ces pages, parce qu’elles viennent d’un prêtre pourraient, par leur honnêteté, avoir quelque intérêt ». Rendez-vous est pris avec lui pendant le séjour à Mirmande du 4 au 11 avril 1988. Ce sera le 7 avril ; Légaut lui donnant un contact d’éditeur (Ehlinger).
[29] Postface de Fragments philosophiques. 1909-1914, Nauwelaerts, 1961, p. 115-116, cité par DE SCOTT (Thérèse), Devenir disciple de Jésus. Une lecture de l’œuvre de Légaut, Paris, Duculot, 1988, p. 28-29.
[30] BnF Manuscrits Fonds Gabriel Marcel NAF 28 349.Je remercie Etienne Fouilloux de m’avoir signalé cette source.
[31] Une des familles juives accueillies aux Granges durant la seconde guerre mondiale.
[32] Si l’apport de Teilhard est bien examiné (cf. note 12) ; celui de Gabriel Marcel reste à explorer.
[33] Dès qu’il prend sa retraite (1965), Légaut reprend ses séjours dans un monastère, chez les Trappistes, et ensuite au Carmel de la Paix à Mazille.
[34] Il s’agit du futur tome I, L’Homme à la recherche de son Humanité.
[35] Aubier a édité en 1938 La communauté humaine. L’éditeur avait échangé à table a vec Légaut devant sa fille de cette démarche personnelle et liée à un groupe.
[36] L’hypothèse d’une réécriture, pour un manuscrit de 700 pages, me semble une esquive permettant de ne pas refuser ouvertement. Elle se heurte à ce que veut exprimer Légaut, et Gabriel Marcel comprend qu’il y a là une impasse : Légaut refuse de réécrire « le fruit de toute une vie ».
[37] Jean Haumesser, agrégé de sciences naturelles, est le seul nom d’un membre du groupe Légaut à être évoqué dans cette correspondance. Il fréquentait le groupe avant guerre et avait donc entendu Gabriel Marcel. Il y a lieu d’indiquer la mobilisation du Père René d’Ouince, fidèle auprès des fidèles, auprès de Desclée de Brouwer, ainsi qu’un membre du Groupe Tala de l’ENS, Étienne Borne (cf. MELERO (D.), « Un écrivain… » art. cit. passim) qui ajoute aux possibilités Le Centurion en novembre 1969.
[38] Le souci de la vente, et de l’équilibre financier, est légitime chez l’éditeur. En avoir trouvé un au bout de deux ans de recherche et après avoir contacté Grasset, Epi, Seuil, Desclée de Brouwer et Aubier, témoigne de la persévérance des deux écrivains ; Légaut proposant de s’engager financièrement sur une vente de 4.000 exemplaires. Et si Madame Gabail estime qu’elle fera une bonne action et une mauvaise affaire, en 1975, Légaut constate que plus de 50.000 exemplaires du tome I ou II ont été vendus.
[39] Ce mirmandais a une double importance : sa grand-mère , Emilie Fougeirol, demeurant aux Ollières en Ardèche, était un ami de Gabriel Marcel ; grâce à elle, il a pu rencontrer Marcel Légaut. Agent immobilier à Montélimar, il a vendu la magnanerie de Mirmande à Marcel Légaut et à son groupe. Renseignements grâce à l’obligence de Madame Anne-Marie Fougeirol.
[40] En fait il lira, d’après l’ordre de publication, premièrement le tome II et ensuite le tome I, à G. Marcel.
[41] Et, à cette occasion, débattre de la manière d’envisager la résurrection ? Voir à ce sujet le premier travail de ; Melero : « G. M. et M. L., une amitié… », art. cit.
[42] Très vraisemblablement En chemin, vers quel éveil, Gallimard, 1971, Collection « Voies ouvertes », dirigée par Jean Sulivan.